La mobilisation 2 au 9 août 1914
La mobilisation 2 au 9 août 1914
Le dimanche 2 août 1914, l’ordre de mobilisation est affiché dans toutes les mairies de France. Le garde-champêtre, au son de son cornet ou aux roulements de son tambour l’annonce gravement, dans les communes vauclusiennes.
À Faucon, Auguste Lettilleul 19 e RAC, à Mondragon, Gabriel Dao 40 e RI, à Vaison, Louis Ribaud (25 ans), Henri Martin 3e RI (26 ans), Léon Labeaume 58 e RI (24 ans), Paul Raymond 40 e RI (24 ans), Louis Lagier 111e RI (25 ans) et Léon Mondon 111 e RI (24 ans) découvrent l’affiche sur le mur de la mairie.
À St Romain, Daniel Arnaud 58 e RI (25 ans), Henri Bonnet 58 e RI (33 ans) et Louis Carpentras 24 e BCA (26 ans), à Buisson Coullet Louis 112 e RI (20 ans) à Cairanne Armand Paul louis 3 e RI, Autard Eugéne Henri 141 e RI sont concernés comme tant d’autres. A Antrechaux, Bayle Paul 111 e RI (26 ans) et Goubrin Henri 58 e relisent l’affiche sur le panneau grillagé de la mairie.
Ils vont abandonner leurs travaux en cours, leur famille et leur village pour ce que nous savons être la plus grande boucherie du XXe siècle.
« La mobilisation n’est pas la guerre !» Mais elle n’en est pas loin.
À cette époque, le recrutement des régiments est régional.
Le 15e Corps d’Armée de la XVe région militaire se compose de soldats de 20 à 33 ans, venant des Alpes-Maritimes, d’Ardèche, des Basses-Alpes, des Bouches du Rhône, de Corse, du Gard, du Var et du Vaucluse.
Les vauclusiens, pour la plupart des paysans (36% des tués de 14/18 le sont) sont incorporés en majorité aux 58e Régiment d’Infanterie d’Avignon, 111e RI d’Antibes et 27e Bataillon de Chasseurs Alpins de Menton, une autre partie se trouve dans l’artillerie 55° RA (Camaret, Jonquiéres et Courthézon) ou encore dans la coloniale.
Caserne du 58eRI à Avignon (Chabran)
Certains sont déjà dans l’armée lorsque le conflit éclate, ils ont entre 20 et 23 ans. A Avignon, au 58e RI, à Nîmes au 40e RI et 19e Régiment d’Artillerie, à Aix et Pont saint Esprit au 55e R.I, au 6e Régiment de Hussards et au 141e RI à Marseille, tous accélèrent les préparatifs. Le 11 e Hussard est à Tarascon que va rejoindre Roux Joseph de Sérignan dont j’ai le carnet de guerre.
Il y a aussi le 7e génie dont les compagnies seront réparties au sein du 15 corps
Caserne du 7e génie à Avignon
Le 23e BCA est à Grasse. Louis Carpentras rejoint le 24e BCA à Villefranche, qui revient de dures manœuvres, il se prépare avec les autres mobilisés des trois dernières classes.
A Ajaccio le 173e RI se prépare à embarquer pour Marseille.
L'instituteur de Sablet , Monsieur Roux, a écrit ses impressions sur la guerre. En date du 3 août on peut lire :
" La surprise est générale lorsqu'on apprend que le train de 6h36, venant d'Orange, n'a apporté aucune lettre, aucun journal. A 7h partent environ 135 mobilisés ...
Tous les mobilisé sont calmes, confiants et paraissent décidés à faire leur devoir. L'un d'eux, Kastor Gabriel, cultivateur agé de 24 ans, dont les aïeux sont originaires de Pologne, montre gravé dans l'intérieur du boîtier de sa montre, ces mots: " La Victoire ou la mort" "
Le 4 août, munis de leur feuille de route rose, certains rejoignent à Marseille le 141e RI. Louis Lagier et Léon Mondon regagnent le 111e RI, le même jour, au fort carré d’Antibes, casernement de mobilisation.
Certains vont au 112e RI à la caserne Grignan à Toulon. Henri Martin revient au 3e RI d’Hyères, Gabriel Kastor et ses camarades de Sablet arrivent dans leurs garnisons respectives indiquées sur la feuille de route et rencontrent, d’anciens camarades. Ils vont bientôt quitter leur belle Provence et leurs oliviers pour les charmes et les frênes mosellans. D’autre Vauclusiens arrivent à Menton où se trouve le 27e BCA.
Le 5 août, l'Etat-major, le 1er bataillon et la C.H.R. du 58e d'active ont quitté leur garnison d'Avignon à 17h 25, drapeau et musique en tête et se sont embarqués à la gare du Pont d'Avignon le même jour à 20h 54 avec les batteries du 19e RAC de Nîmes arrivées peu avant.
Voici les impressions de Antoine Martin-Laval médecin auxiliaire au 1e bataillon du 58e :
" après avoir parcouru la rue Thiers, la rue des Marchands, la rue St Agricol, la rue Joseph Vernet, on traverse le pont d'Avignon, et tous nous jettons un dernier regard à Notre Dame des Doms, la suppliant de nous donner la Victoire prochaine et de nous conserver indemnes jusqu'à notre retour. Chacun sait bien que la plupart d'entre nous ne reviendront pas, mais chacun aussi, conserve au fond de son coeur, l'espoir qu'il reviendra"
Le départ : le 5 août à 17h30 le 58e RI quitte la caserne Chabran pour le front.
Contrairement aux clichés enthousiastes « tous à Berlin ! », la population est anxieuse.
Le Sous-préfet de Toulon écrit au Préfet de Draguignan : « les tentatives de mutilations et les suicides se multiplient de façon inquiétante jusqu'à un par jour... »
Le 6 août, le 6e Hussards avec ses chevaux, quittent Marseille en train, d’autres partent d’Hyères, transportant Henri Martin et ces copains pour rejoindre le 15e corps d’Armée sur le front de l’Est, au sud de Nancy. Gabriel Dao, Paul Raymon embarquent à Nîmes et Louis Ribaud, Léon Labeaume, Daniel Arnaud, Henri Bonnet et Henri Goubrin embarquent eux aussi à Avignon.
Le 7 août, les premiers débarquent à Diarville, le 19e RA et les Vauclusiens du 58e RI arrivent à Juvelise. Les 112e et 141e RI quittent leur garnison pour l’Est.
Le 8 août, dans la nuit, le 112e RI découvre la Lorraine. Le 141e RI suit les premiers arrivés à Diarville.
Le 9 août, le 112e RI rejoint Tantonville, intègre la 29e Division d’Infanterie composée des 57e et 58e Brigades avec les 3e RI de Hyères et 141e RI de Marseille. Le Quartier Général de la 29e DI est à St Nicolas, celui de la 30e DI (19e RA, 40e RI de Nîmes et 58e RI) à Dombasle. Le 111e RI part d'Antibes, pour compléter la 57e Brigade d’Infanterie du 15e corps. Louis Carpentras et son 24e BCA arrivent à Saint Nicolas du Port.